Même si les conteurs d’aujourd’hui se font scénaristes, bardés d’engins sophistiqués capable de produire du virtuel numérique à la demande, ils s’inspirent bien plus qu’on ne le croit de la tradition des contes de fée, laquelle naquit il y a bien longtemps et oralement, avant de devenir un genre littéraire.
Après avoir pris ses lettres de noblesse avec Charles Perrault au XVIIe s. , le conte de fée traverse depuis allègrement les siècles sans baguette ni philtre magique pour attirer les enfants - voire les adultes sur le retard. En devenant genre littéraire, il s’est aussi bien adouci pour complaire aux canons de la morale du temps, d’abord chrétienne, puis puritaine ou plus communément bourgeoise. Objet d’étude, on en a même fait au XXe s. sa psychanalyse*.
Mais ce qui devrait être réellement mis à l’honneur en ce 26 février est en premier lieu la tradition orale, sa survivance et celle de l’art de la transmission : à l’égal de la poésie, qui ne saurait demeurer engoncée dans une quelconque typographie, le conte féerique ne prend la complétude de son sens '' qu’avec la corde vocale, tout comme le violon prend le sien avec l’archet qui le touche ''**
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* Par un certain Betelheim, Bruno, notamment
** '' La Poésie '', Léo Ferré, 1956.