En ces temps de rudes froideurs, fadeur n'est point de mise : c'est le moment idéal pour pimenter nos existences*, effeuiller la marjolaine… et de se sucrer un peu au passage, pour certains.
Honnêtement, on a beau dire, nous pouvons tout de même lancer un grand merci à MM. Christophe Colan, Magellomb et consorts, parce qu'au train-train où allaient les choses aux débuts du Moyen-Âge, nous étions - les Européens, je précise - encore très loin de pouvoir connaître les délices du steak au poivre, du couscous à l'harissa ou de la tarte pomme-cannelle : sur ce terrain-là, il faut admettre que nous étions vraiment chocolat !
Non pas que nos ancêtres les Romains** méconnaissaient la plupart des épices asiatiques, mais elles étaient réservées presque exclusivement aux bouches patriciennes et autres personnages ayant pignon sur rue : le féodalisme plus ou moins obscur qui suivra pendant plus d'un millénaire ne changera en rien cet état de faits.
Taxes, marchés noirs et contrebandes faisant le reste, le bon peuple occidental devra se passer encore longtemps de toutes ces merveilles, généralement tropicales. Dans le pays de France, on emploiera d'ailleurs des siècles durant le vocable "épices" pour désigner pots-de-vin et soudoiements. C'est tout dire.
Ces temps-là étant révolus, bien des gens se décarcassent*** pour les épices : il faut montrer du croc, car il existe, en sous-main, une véritable guerre économique des épices, pour un marché mondial de quelques dizaines de milliards de dollars.
Et en ce jour de 16 janvier - décrété "Journée de la nourriture épicée'' - nous suggérons de faire un petit tour du moulin à poivre et de mettre la maniguette sur le curcuma.
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* Que le lecteur soit rassuré (ou pas !) : il ne trouvera guère ici de calembours malvenus à propos d'Angélique, Aneth ou saupoudrés de ''gingembre en l'air''...
** Ben oui, ils sont aussi un peu nos ancêtres, pour le moins culturellement !
*** Ne seraient-ce que les cueilleuses et cueilleurs, dont nombre d'enfants, rarement grassement payé(e)s