À l'instar des baleines, des forêts amazoniennes et carpatiques ou de l'imparfait du subjonctif, un nombre conséquent de langues connaît chaque année l'outrage ultime : celui du silence.
"Na ! Oubykh ! Ixcatèque !" Non, ce ne sont pas de nouvelles injures du capitaine Haddock ou de quelque rappeur en mal de verve... mais le nom de 3 langues parmi celles en train de disparaître, faute de locuteurs. (La dernière, avec ses 8 pratiquants mexicains et octogénaires en 2021, ne sera peut-être plus qu’un souvenir au moment de lire ces lignes...). Et sur un total actuel de quelques 7 000 idiomes connus sur la planète, il ne faut pas des lustres* - mais un seul - pour qu'une centaine d'entre elles s'éteigne. Fondant plus vite encore que les glaciers, plusieurs milliers seront donc mortes avant la fin du XXIe s.
40 %, c'est aussi le nombre d'enfants sur Terre qui n'auront pas d'enseignement dans la langue qu'ils connaissent. Ceci étant dit, de notables progrès s’organisent autour de cette prise de conscience avec le développement d’enseignements spécifiques : L'UNESCO encourage et fait une large promotion à l'éducation multilingue basée sur la langue maternelle ou la première langue.
D’autres acteurs (chercheurs, ONG, etc.) se sont engagés de part le monde dans une course qui, même semblant perdue d’avance, devrait enrayer un tant soit peu un processus irréversible : espérons que cette louable entreprise ne restera pas parole d’évangile ou simple langue de bois !
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* un lustre = 5 ans !